Prince Gyasi
France terre d'asile
Association L'Oeil sensible
Biennale Photoclimat
PRINCE GYASI
“MY PSALMS” met en lumière des histoires vécues qui célèbrent la beauté et la force de sa génération au Ghana, en proposant une vision différente par rapport aux perspectives occidentales. Il cherche à valoriser l’élégance, l’énergie et les récits portés par sa communauté.
“En tant qu’artiste visuel, je pense que mon rôle est de redessiner l’image de l’Afrique pour le reste du monde, en effaçant la négativité souvent associée à ses représentations, pour en montrer les aspects positifs. Ce sont trop souvent ses côtés négatifs qui définissent le continent, et c’est notamment ce constat qui m’a inspiré à créer quelque chose de beau.”
Prince Gyasi, dans sa démarche artistique, capture l’énergie vibrante de sa communauté, qu’il retranscrit à travers les couleurs, les textures, et des récits tirés du réel, qu’il utilise pour explorer des thèmes comme l’identité et la résilience. Son objectif est de créer des images à la fois fortes visuellement, mais aussi touchantes sur le plan émotionnel.
Remerciements à MAĀT GALLERY, Paris 3e. Commissariat de Séverine Morel et Rodolphe Blavy.
Projet France TERRE D’ASILE
Les discours sur les migrations dressent trop souvent une frontière symbolique entre les personnes migrantes et le reste de la société. Même les discours solidaires peuvent renforcer cette distinction, en insistant sur leurs difficultés ou les enjeux politiques qui les concernent. Ce projet vise à déconstruire cette séparation, et à replacer les personnes exilées au cœur de nos récits communs et non à leur marge. L’exposition présente six panneaux lenticulaires, douze portraits grandeur nature : six personnes réfugiées, six ayant un lien direct ou indirect avec l’exil. Leurs visages se superposent, leurs histoires s’entrelacent, soulignant une humanité partagée. Des miroirs, placés entre les portraits, invitent les visiteur·euses à se projeter dans ces parcours de vie. D’un pas à l’autre, un visage se transforme, sans que l’on puisse dire qui est réfugié·e et qui ne l’est pas. Pour rappeler que l’exil est une situation, non une identité – et qu’il pourrait, un jour, concerner chacun·e d’entre nous.
Prix Photo Sociale / Association L'oeil sensible
MORGAN FACHE
DANS L’OMBRE D’UNE ÎLE
Bien que le confort des logements se soit amélioré ces dernières an- nées, une part significative des Réunionnais demeure confrontée à
des conditions d’habitat précaires. Le déficit de logements a entraî- né une augmentation notable des constructions précaires ainsi que des bâtis indignes, estimés à près de 18 000 (+9,4 % depuis 2008). La Réunion subit une précarité massive, touchant environ 40 % de sa population, soit un taux deux fois plus élevé que celui de l’ensemble du territoire national. Cette crise du logement s’accompagne d’une forte hausse des loyers, le loyer médian atteignant un niveau comparable à celui de grandes métropoles françaises comme Lyon ou Marseille. Depuis plus d’une décennie, je m’attache à documenter les problé- matiques culturelles et sociales qui marquent les territoires insulaires français, profondément influencés par leur passé colonial. L’Île de La Réunion, avec ses spécificités historiques et sociales, constitue un observatoire privilégié de ces enjeux, notamment en matière de précarité et de mal-logement, qui continuent d’affecter une part significative de sa population. Mon travail vise à dévoiler les réalités complexes et souvent invisi- bilisées de ces territoires, où les inégalités sociales et économiques se manifestent de manière exacerbée. La série d’images que je pro- pose s’inscrit dans cette démarche de témoignages. En retraçant plus d’une décennie de transformations - ou parfois de stagnation-, elle met en lumière l’ampleur de la crise sociale et les défis colossaux auxquels La Réunion est confrontée. L’accès à un logement digne, la lutte contre les inégalités et l’instabilité sociale illustrent un état d’urgence qui mérite une attention immé- diate. Il est essentiel que ces territoires insulaires, souvent relégués à la périphérie des discours et politiques nationales, soient intégrés pleinement dans la réflexion sur les inégalités et les droits fondamentaux.
CÉLINE VILLÉGAS
LES BAINS-DOUCHES (NOS OASIS)
En 2023, très touchée par la situation sociale qui se dégrade sous nos yeux, je décide d’entamer un travail photographique sur la précarité sanitaire au sein des bains-douches municipaux de Paris et l’Oasis, centre d’accueil de jour pour femmes du Samu Social. Construits au début du XXe siècle, les bains-douches ont été progressivement fer- més en France avec l’essor des salles de bains individuelles mais le contexte actuel encourage les municipalités à les remettre en ser- vice, comme récemment à Lyon ou à Saint-Denis où les fréquentations sont en constante augmentation. Ils s’appellent Mousse, Alvin, Pascale, Lisette, Romuald, Céliana et ils se rendent aux bains publics en quête d’une douche chaude et d’un espace intime pour une durée de 20 minutes maximum. Avec une fréquentation majoritairement masculine (91%), j’ai rencontré des demandeurs d’asile, des sans-abris, des jeunes en rupture sociale, des adultes en perte d’emploi ou en instance de divorce mais aussi des retraités ou des étudiants qui n’arrivent plus à payer leurs factures, des mallogés et des habitués du quartier qui viennent simplement trouver du lien social. Ces établissements donnent ainsi une photographie de la société actuelle et témoignent directement de la violence de la crise sociale que nous traversons. La France compte en effet aujourd’hui 1,4 million de pauvres en plus par rapport à il y a 20 ans selon le tout dernier rapport de l’Observatoire des inégalités (nov. 2024). Dans ce contexte, ces lieux sont devenus de véritables refuges pour ces populations fragilisées, et ce, notamment grâce au travail des agents municipaux qui s’improvisent souvent dans ce métier très social ou celui du personnel d’accueil de jour de l’Oasis qui accueille les femmes encore peu présentes dans les bains douches non mixtes pour la plupart. A travers ce travail sur un service public essentiel, je propose d’abor- der la précarité à travers ce qui nous semble le plus basique dans nos vies : se laver les mains, les dents, prendre une douche ou même se regarder dans un miroir.
Prince Gyasi (né en 1995 à Accra, Ghana) est un artiste visuel autodidacte qui a réalisé ses premières photographies avec un smartphone à l’âge de 16 ans. Son travail est à la fois profondément personnel et engagé auprès de sa communauté, proposant une contre-narration aux représentations occidentales de l’Afrique, et mettant en lumière l’élégance, la résilience et l’énergie de sa génération.
Il bouscule les codes classiques de la photographie, invitant le public dans son univers saturé de couleurs, influencé par sa propre expérience de la synesthésie — un phénomène neurologique qui le fait associer des couleurs aux mots. De loin, ses photographies vibrantes évoquent des peintures, une façon pour lui de rejeter la hiérarchie implicite entre photographie et arts plastiques.
En 2023, il a été le premier photographe noir à être choisi pour réaliser le prestigieux calendrier Pirelli, et a été désigné comme faisant partie des « Next Generation Leaders » par le Time Magazine.
Prince vit et travaille actuellement à Accra.
France terre d’asile est une association de défense du droit d’asile et des personnes exilées. Depuis plus de 50 ans, elle accompagne les demandeur·ses d’asile, réfugié·es et mineur·es isolé·es étranger·ères en matière de premier accueil, démarches administratives, hébergement, intégration... Elle est présente dans 10 régions et une soixantaine de villes à travers une centaine de dispositifs qui accompagnent plus de 12 000 personnes chaque jour.
France terre d'asile met également en œuvre des actions de plaidoyer et de sensibilisation pour défendre les droits des personnes exilées à l’échelle nationale et européenne.
Enfin, France terre d'asile forme les professionnel·les du secteur, en œuvrant à la montée en compétence des acteur·rices de l’intégration et à la promotion du travail en réseau dans l’accompagnement des personnes exilées.
Association L'Oeil Sensible
Le Prix Photo Sociale, porté par l’association L’Œil Sensible, a pour objectif de sensibiliser le public aux enjeux sociaux à travers le regard de photographes engagés, témoins des réalités vécues par les plus vulnérables. Il rejoint ainsi un des objectifs de Photoclimat : susciter la réflexion et amener chacun à l’engagement. Le prix soutient ainsi des photographes explorant des thématiques liées à la pauvreté, la précarité et l’exclusion en France, avec l’appui de ses partenaires (La SAIF, Galerie le Château d’Eau, Mairie du 10ème arrondissement de Paris, Fédération des acteurs de la solidarité, Picto, Polka et Filigranes). Chaque année depuis 5 ans, 3 séries photographiques sont choisies par un jury composé de professionnels de la photographie et d’acteurs de la solidarité, en fonction de leur qualité photographique mais aussi de la manière inédite de documenter la fragilité des personnes photographiées.
Illustration ©Prince Gyasi