Sean Noonan's Pavees Dance featuring Malcolm Mooney (can)

Maison des arts de Créteil - Sean Noonan's Pavees Dance featuring Malcolm Mooney (can)

MALCOLM MOONEY : CHANT /  JAMAALADEEN TACUMA : BASSE  / NORBERT BUERGER : GUITARE / SEAN NOONAN : BATTERIE

 Sean Noonan, encore peu connu en France et à New York fait figure d’un agitateur, dans le plus authentique sens du terme. Batteur s’assumant frénétique mais sachant si bien être polisseur, Noonan se présente lui-même comme un « griot irlandais » qui, au gré de de ses voyages, de ses expériences, de ses lectures aussi, collecte contes, légendes, ou simplement histoires de vie, pour en faire la matière première de son jeu de batterie d’abord, de toute sa musique ensuite.

Une musique que, dans certains de ses projets, tantôt avec Marc Ribot ou avec Mat Maneri, tantôt avec Abdoulaye Diabaté ou avec Susan McKeown, souvent avec son alter ego le guitariste Aram Bajakian, il n’a pas hésité à qualifier d’Afro-Celtic Punk-Jazz. Quitte à se voir apposer une estampille, autant la choisir soi-même, et la rendre égarante, à l’instar du théâtre de l’absurde de Samuel Beckett dont Sean Noonan s’inspire également. Et pourtant. Il y a un sens à cette toquade (et sans doute plus d’un) : considérer l’improvisation comme ce qui fait fermenter les formes, les structures, les histoires, comme un art de la métamorphose à travers l’Océan Atlantique, le désert jaune du Sahara, les collines vertes de Dublin et les rues grises de Manhattan, autant de lieux hantés par Sean Noonan, ou qui le hantent. Changer les adjectifs de place et vous
aurez un aperçu, rien qu’un aperçu, de sa méthode. Comme il y a un sens à cette spectaculaire réunion (car il faut parfois un agitateur pour provoquer les événements) :
Noonan et Bajakian avec l’imprescriptible Jamaaladeen Tacuma, bassiste mutant qui, depuis ses années auprès  d’Ornette Coleman, a fait du slap et de la syncope des instruments de démesure de haute précision. Mais surtout, avec Malcolm Mooney, connu pour avoir été le premier chanteur de Can (c’est même lui qui trouva le nom du groupe), à l’époque de « Monster Movie » (1969), pour avoir prêté sa voix d’étoile filante, à mi-chemin de la soul et du psychédélisme, aux expérimentations d’un des groupes de rock les plus influents de l’histoire, et dans tous les domaines. Can pratiquait l’improvisation, ou la composition spontanée à partir d’une instrumentation rock mais avec la connaissance de toutes les musiques d’avant-garde, de la musique minimaliste longtemps avant l’ambient, de la musique électronique longtemps avant la no-wave ou la techno, des musiques du monde longtemps avant leur prolifération… le tout retravaillé, fermenté en studio, dont ils maîtrisaient toutes les techniques. Hormis quelques très rares apparitions sur scène, Malcolm Mooney s’est consacré depuis quarante ans à la poésie, à la sculpture et à l’enseignement. 

Son retour, et en telle compagnie – en 2014, à l’occasion de leur venue à Sons d’hiver, Pavees Dance sort son premier
disque, « There's Always the Night » – est la meilleure surprise que pouvait nous réserver le « griot irlandais ».